Les enfants voient-ils plus le pédopsy que le pédiatre ?

Je lâche un peu mes activités anti-féministes de ces derniers temps pour lancer une discussion. Car ce n’est pas parce l’été est là que mon cerveau doit passer en mode off.

Ce sujet appelle d’abord un aparté sur les pédiatres. Tous les enfants ne sont pas suivis par des pédiatres. Premièrement, parce qu’il y a une pénurie de pédiatre. Deuxièmement, certains parents préfèrent emmener leurs enfants chez le généraliste. Personnellement, je suis pro pédiatre, même si le généraliste sans rendez-vous est bien utile en cas d’urgence. 

D’une part, il n’y a pas assez de pédiatres pour assurer un suivi de la santé des mineurs de 0 à 16 ans. Il existe un pédiatre pour 5300 enfants en France. (L’Express)

Avant d’être maman, je suivais les histoires de mes amis déjà parents et j’avais constaté qu’une majorité des enfants consultaient ou avaient déjà consulté un pédopsy. En tant que nullipare, je ne me permettais surtout pas de juger, mais cela m’interpellait.

En 1999, on comptait 415 770 enfants suivis en pédopsychiatrie, pour plus de un million d’adultes suivis par les secteurs de psychiatrie générale. Parmi les jeunes patients qui ont consulté au moins une fois dans l’année, 41 % ont entre 5 et 9 ans, 29 %, entre 10 et 14 ans, et 14 % ont moins de 5 ans. Entre 1991 et 1997, le nombre d’enfants suivis par les trois cent vingt et un secteurs français de psychiatrie infanto-juvénile a progressé de 49 %. (Psychologies)

Ma fille n’a jamais aimé aller chez le médecin. Elle pleurerait pendant toute la consultation. La pédiatre m’avait expliqué que cette phase passerait avec l’arrivée du langage et la possibilité de verbaliser les sentiments. Comme il n’y avait pas de progrès lors des consultations suivantes et qu’elle était plutôt réservée (elle n’est pas gardée en crèche, non par choix, mais par absence de choix), la pédiatre nous a donc conseillé d’emmener notre fille de 2 ans pas tout à fait et demi chez le pédopsy.

Pour quels types de symptômes les parents sont-ils amenés à vous consulter ? Un bébé qui ne dort pas ou qui ne mange pas, un enfant hyperactif ou phobique, un adolescent anorexique ou toxicomane… D’une façon générale, un enfant qui ne joue pas, ne rit pas, qui est triste, renfermé, qui a du mal à entrer en relation… doit alerter. Mais aussi, à l’inverse, un enfant qui harcèle ses parents, qui leur demande sans cesse quelque chose ou ne peut pas les quitter… S’il fait confiance à son intuition, un parent se rend compte quand son enfant ne va pas bien. (Elle)

Voici comment cela s’est passé.

Après une séance de discussion entre les parents et le pédopsy (sans l’enfant) pour discuter du problème (tout est relatif) et de la vie de l’enfant, quatre séances ont suivi. Après une discussion tous ensemble, le pédopsy et elle passait 20 minutes ensemble pour parler (avec le vocabulaire limité d’un enfant de deux ans et demi), dessiner (gribouiller comme tous les enfants du même âge) et jouer des petits jeux de rôles avec des personnages Playmobil. Comme celui-ci : toute la famille est à la maison, puis les parents partent au travail, alors comment réagissent les enfants? Bien sûr, les enfants, joués par ma fille, ne voulaient pas que les parents partent (refaites le test avec des adolescents, le résultat doit être tout autre).

Les professionnels utilisent plusieurs approches qu’ils adaptent en fonction de l’enfant (psychanalyse, thérapie, relaxation, psychomotricité, orthophonie…). Selon son âge, on se servira de tests ludiques, du dessin ou bien de jeux, mais n’ayez crainte, avec les bambins, pas de divan ni de tête-à-tête intimidant, juste des moyens d’expression pour déceler ses difficultés. (Santé Magazine)

A la troisième récidive du même scenario, j’ai commencé à me demander si un de ses confrères psy pour adultes ne manquait pas de clients et qu’elle avait trouvé en moi, ma grossesse compliquée et mon boulot à plein temps, une cible idéale. Devais-je m’allonger sur un divan et confier « j’abandonne tous les jours ma fille pour aller travailler » ?

Mais nous avions trouvé notre équilibre à trois comme ça, depuis les 3 mois de ma fille. 

Vous allez croire que je n’ai retenu que des points négatifs de ces séances chez le pédopsy. Mais non, ce professionnel nous a donné quelques conseils avisés. Grâce à lui, nous avons découvert la Passerelle, une maison pour enfants et parents inspirée de la Maison Verte de Françoise Dolto. Un lieu où les enfants peuvent se côtoyer et jouer en apprenant en respecter des règles de vie, pendant que les parents peuvent échanger entre eux.

Ni halte-garderie, ni centre de consultation, les « Maisons Vertes » sont des lieux d’accueil et d’écoute pour les tout-petits de 0 à 3 ou 4 ans qui y sont reçus accompagnés d’un « adulte tutélaire » (parents ou personne qui s’occupe habituellement de l’enfant). C’est un lieu pour passer un moment ensemble, mais aussi pour rencontrer d’autres enfants, d’autres adultes, parents ou membres de l’équipe d’accueil, dont les membres sont tous des analysants, certains des psychanalystes. (Arte)

Bref, cinq mois se sont écoulés depuis ces séances et il y a quelques jours nous avions rendez-vous chez la pédiatre. Et bien après quelques pleurs, ma fille a décidé de boycotter l’intégralité de l’examen médical et n’a pas prononcé un mot avant que l’on dise aurevoir. Je ne m’inquiète pas car je constate qu’elle semble bien entendre et voir et qu’elle sait faire à la maison l’ensemble des tests de la visite de la troisième année (tracer un cercle, connaître les couleurs, parler en utilisant le je, dire son prénom…).

Vous allez peut-être me conseiller de changer de pédiatre. Cela pourrait être une idée, mais j’en ai déjà testé trois pour cause d’incompatibilité de calendrier vaccinal.

En tout cas, le débat est lancé !

Alors est-ce que vous faites le même constat que moi : les enfants de nos jours sont nombreux à voir un pédopsy ? Que pensez-vous des séances de psy pour les tout petits ? En avez-vous déjà consulté un pour votre enfant ? Quel est votre bilan ?

11 commentaires sur “Les enfants voient-ils plus le pédopsy que le pédiatre ?

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  1. Je peux te partager mon expérience, des fois que ça aide. En plus, c’est une expérience positive ! 😉
    Ma petite Choupinette a eu de gros problèmes de sommeil bébé, qui sont apparus à 3 mois 1/2 : elle a fait ses nuits à 6 semaines et très bien dormi ensuite jusqu’à 3 mois 1/2, puis a commencé à se réveiller de plus en plus souvent, d’abord une fois par nuit, puis deux, … jusqu’à 5 fois par nuit toutes les nuits ! Cela avait commencé deux semaines avant ma reprise du boulot donc forcément, je culpabilisais. Pour notre pédiatre, « il fallait qu’elle s’habitue à ma reprise ». Le temps passant, ça ne s’améliorait pas et son sommeil n’était pas mieux pendant les périodes de vacances où nous étions ensemble… J’avais surtout peur que ces réveils ne soient le signe d’autre chose, un mal-être, une angoisse, que sais-je ? Elle devait avoir 14 mois quand j’ai pris rendez-vous avec le psychologue de la PMI, que j’avais vu deux fois quand mon aînée était née et qui m’avait beaucoup aidée.
    Nous sommes allées au rendez-vous ensemble, elle jouait avec les jouets de la salle de consultation, venait me voir, repartait jouer… pendant que j’expliquais ses problèmes de sommeil et les questions que je me posais au psychologue. A la fin du rendez-vous, il m’a déclaré « pour moi, c’est un bébé qui va bien » en m’expliquant ce qu’il avait observé d’elle en ma présence (« elle interagit bien avec vous, elle joue, elle n’a pas peur de s’éloigner un peu, elle s’occupe seule, etc »). Cela m’a énormément rassurée : de ce point de vue, tout allait bien ! Il m’a aussi rassurée sur le fait que ce que j’avais lu dans des livres écrits par des pédiatres (du genre « c’est le désir inconscient de la mère de voir son enfant la nuit qui le pousse a appeler ») était du grand n’importe quoi ! Une seule séance a donc suffi… séance gratuite, d’ailleurs, puisque prise en charge par la PMI.
    Après bien des mois, nous avons pu mettre le doigt sur l’origine du problème (physiologique) grâce à un ostéopathe et ma miss s’est enfin mise à dormir normalement… je te raconterai si tu veux.
    D’après ma petite expérience et ce que j’ai lu (c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup), tu as différentes écoles de psy, dont certaines excluent complètement le parent (l’approche « freudienne ») et d’autres en font un partenaire (comme ce que j’ai connu, le psychologue que j’ai vu citait volontiers Winnicot qui considère que la mère est un « expert » de son enfant, par la connaissance qu’elle en a). La seconde approche me paraît bien plus pertinente et efficace (sauf parent maltraitant, bien sûr), ne serait-ce que parce que c’est le parent qui peut agir le plus efficacement au quotidien !
    Certains professionnels de santé (médecins, sage-femmes) ont aussi des idées très arrêtées et pas toujours pertinentes sur les questions psy (j’en ai fait l’expérience), d’après moi parce qu’ils n’ont pas le même recul que ceux qui ont vraiment étudié la question et s’en tiennent à des a priori.
    De ce que tu racontes, ta fille a l’air d’aller plutôt bien ! J’ai vu un petit garçon du même âge qui pleurait en voyant son docteur devant l’école (le docteur est la papa d’un des enfants de l’école) parce qu’il avait eu une piqûre à sa dernière consultation… ça n’avait pas l’air d’inquiéter le médecin ni la maman. Si toi tu sens qu’il y a un problème, c’est autre chose, bien sûr. 😉
    Pour autant, je pense que les psychologues et psychiatres peuvent être très très utiles pour prendre en charge et soulager de vraies maladies et souffrances… et c’est bien qu’ils se consacrent aux « vrais problèmes » du coup.
    … et pour le pédiatre, nos deux aînées ont été suivies par une pédiatre mais pas le petit bouchon, nous vivons maintenant à la campagne et le pédiatre le plus proche… ben, il est pas si proche que ça ! :/

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  2. Je suis allée voir une première fois une pedopspy pour mon fils ainé qui avait des crises de nerfs assez explosives, ça s’est ( un peu ) arrangé mais j’y suis retournée qqles années plus tard pour lui faire faire un bilan sur l’hyperactivité…Résultats, il est bien hyperactif, certes pas un gros cas mais gros ou petit, c’est pas super non plus. Après 30 séances de neurofeedback, il a fait d’énormes progrès, le bilan est très positif ! Donc je ne regrette absolument pas d’y être aller ( et d’y retourner pour voir si le petit frère est dans le même cas que le grand ), la pedopsy est super, on a eu un bon contact avec elle….et surtout j’ai plus honte de dire  » Oui mon fils va voir une pedopsy, non je ne sais pas comment être une super maman qui sait tout et tout faire et tout guérir, oui j’ai demandé de l’aide et je ne regrette pas !  »

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  3. Bonjour Cécé ! Oui nous sommes déjà allé chez un psychologue mais sur les conseils de notre pédiatre adorée 🙂 … Notre titou avait énormément de mal à s’endormir vers 3 ans et nous rejoignez toutes les nuits dans notre lit à cause de terreurs nocturnes. Je n’ai eu aucun problème à emmener mon fils, je me suis dit  » on verra bien ! » ce que je vais te dire peut paraître miraculeux mais nous avons fait une dizaine de consultations mais dès le soir de notre premier RDV il s’est endormi tout seul et nous n’avons jamais plu été embêté avec son sommeil … jamais plus … Je ne sais pas vraiment ce qu’elle lui a dit mais elle a su trouver les mots que nous n’avons jamais su lui dire… Peu importe que ce soit un tiers qui l’ai fait, mon fils a été rassuré et tout est rentré dans l’ordre.. si c’était à refaire je n’hésiterai pas.

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  4. Ton billet m’interpelle, mon loustic de 2ans et demi n’a jamais vu de pedo psy mais j’ai été personellement suivi en pedo psy puis en psy adulte pendant de nombreuses années pour de gros soucis et la grossesse ayant été dificile et face a mon comportement quotidien on m’avais dit avant la naissance de loustic que peut etre il sera necessaire qu’il voit un pedo psy pour etre sur qu’il ne soit pas comme moi d’un coté sociable… le loustic est arrivé, de mon coté j’ai pu aller (grace a lui surement) de mieux en mieux et coté social il va super bien lol du coup on n’a pas trouvé necessaire de le faire consulté mais si un jour loustic en avait besoin je n’hésiterai pas…
    Bon pour ce qui est du pediatre, loustic n’a vu que celle de la pmi pour les visites obligatoires jusqu’a ses 2ans et les vaccins mais c’est tout, la il voit le medecin generaliste mais en meme temps il ne l’a vu qu’une fois, on a la chance qu’il ne soit jamais malade 🙂

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  5. bravo pour ce billet très bien écrit et bien documenté.
    mes enfants n’ont pas vu de pédopsy même si parfois j’y ai pensé! entre ma grande qui pleurniche pour un oui pour un non et le petit qui est stockché à moi… mais je me dis qu’ils grandissent dans une famille « normal » et aimante et que donc il n’y a pas de raison d’aller chercher la petite bête! car quand on cherche on trouve! on a tous nos petits psychoses!
    et je ne trouve pas que ta fille ai un comportement anormal! je vais rarement chez le pédiatre car c’est toujours blindé! on attend à ne plus en finir! c’est inacceptable pour des enfants, mais quand j’y vais je crois bien que tous les enfants pleurent dans le cabinet du doc! ne te fais pas trop de soucis! ta fille grandit dans un environnement sain! c’est le principal! bises

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  6. oh! et j’étais allée à la maison verte de Dolto quand nous étions à Paris, c’est un endroit extraordinaire! l’une des accompagnante nous avais dit que l’enfant est le miroir émotionnel de sa mère et que donc souvent il vaut mieux une maman bien dans sa peau pour des enfants heureux!

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  7. Merci beaucoup Annette pour ton témoignage. Oui, je m’inquiète moins que la pédiatre. Ma fille est moins réservée qu’avant. Je ne sais pas si c’est dû aux séances chez le pédopsy ou au fait que sa nounou et d’autres nounous du quartier se retrouvent deux fois par semaine pour des activités communes (les deux ont débuté au même moment).
    Ce n’est pas la première fois que j’entends qu’une séance chez l’ostéopathe resout un problème chez l’enfant. Ma fille y est allé à un mois, sur les conseils d’une sage-femme, suite à sa naissance en siège. Je n’aurais pas pensé y aller sans cela.

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  8. Peut-être que j’ai résumé tout ça de façon un peu négative. Mais les cinq séances ont permis de faire un petit bilan, bilan qui était plutôt positif. Par contre, côté rendez-vous chez la pédiatre, c’était zéro progrès. Au bout de 10 minutes, elle a commencé à nous dire qu’il vallait mieux qu’on reprenne un rendez-vous d’ici quelques temps, et puis finalement on a fait avec (ou plutôt sans la participation de ma fille). La suite dans six mois…

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